Un homme Une nuit Un message
Né à Gaya, El-Hadji Malick Sy séjourne en Mauritanie, s'installe à
Saint-Louis en 1884, puis à Louga, et Pire avant de s'établir à
Tivaouane en 1902 à la suite d'une demande, dit-on, du grand notable
Djibril Guèye qui l'invita à y rester.
C'est à Tivaouane que
Maodo Malick Sy a été inhumé après son rappel à Allah le 27 juin 1922.
Sa succession à la tête de la "tariqa" "Tidiane" est assurée par son
deuxième fils Seydi Ababacar Sy pour le khalifat général des Tidjanes de
1922 à 1957. Son successeur fut El-Hadji Abdou Aziz Sy qui fut rappelé à
Dieu le 14 septembre 1997, remplacé par l'actuel khalife, Serigne
Mansour Sy "Borom daaraji".
Maodo Malick Sy a beaucoup
contribué, en Afrique noire, à la propagation de l'islam et de la
confrérie soufie de Abou al-Abbas Ahmed at-Tijani. Il est l'auteur de
plusieurs ouvrages dont le célèbre Qilâsu thahab, "l'or décanté".
Seydil Hadj Malick Sy est né le 25 février 1855 à Deuw fall prés de
Gaya, dans le département de Dagana, fils de Sokhna Fawade Wélé, la
pieuse et de l'homme de dieu, Ousmane Sy, lui-même de Mouhaz fils de
Mohamed, descendant de Youssouf, Dramame, Ciré, Boubou, Yahya tous
descendants du Chérif Chams Eddine ce qui lui donne des origines Arabe.
Ousmane Sy a atterri au Walo, après des études en Mauritanie auprès du
Professeur Mohamadou Baba Al Daymani, à la recherche d'un livre que seul
possédait le marabout Malick Sow de Gaya. Ce dernier sera plus tard
l'homonyme de Seydil Hadj Malick Sy Le saint homme s'est naturalisé
Wolof, du fait que même ses ancêtres sont restés longtemps au Walo et y
ont épousés des femmes Comme tout bon Walo Walo le jeune Malick est très
tôt initié à l'apprentissage du Coran en premier temps par sa propre
famille par le biais de son oncle maternel Alfa Mayoro et puis par
homonyme Thierno Malick Sow En 1863, à l'âge de 8 ans il partit près de
Sagata au Djolof avec son oncle paternel Amadou Sy .A son retour il est
confié ensuite à d'autres maîtres. Et chacun le forma dans sa spécialité
(Droit - grammaire - Tajwiid, etc.) dont Thierno Ngagne Ka, avec qui il
partit et resta à Tiarène dans le Fouta Toro en 1873 ,alors âgé de 18
ans il finit l'étude du coran à son nouveau séjour de Fouta à Longué
chez Serigne Abdou Biteye et en Mauritanie Il retourna chez lui et
recevra le Wird tidiane et l'insigne de "Grand Maître de l'Ordre
Tidiane" (Hidiaza) par son oncle maternel Alfa Mayoro avec la
prédication de El Hadji Omar Tall, qui lui avait donner auparavant le
Wird, lors d'un de ces voyages au Fouta avant la naissance du jeune
Malick. Ceci sur un présent de la pieuse Fawade à El Hadji Omar Tall Ce
ne fut pas son seul Hidiaza,car beaucoup d'autres grands maîtres, dont
Maouloud Fall (en 1876) et Mohamed Aly, lui en donneront par la suite
Après sa maîtrise du Coran il étudia le Fikh, d'abord chez lui et puis
chez Serigne Mour Sine Kane. Après le Fikh il entame les études de la
jurisprudence à Bokhal au Walo chez Serigne Moussé Ndiaye, à Keur Codé
dans le Diambour chez Serigne Modou et à Keur Taïba Sèye chez Serigne
Mour Kale Seye .Après l'étude de Rissala, il part pour Ndar de 1880 à
1882 à 25 ans chez Serigne Ahmadou Ndiaye .Il retourne au Diambour pour
finir le droit et étudier Khalil par Serigne Birahim Diakhate et Serigne
Mamadou Wade .Mais c'est l'année suivante qu'il finira Khalil à Mbakol
dans le Cayor chez Serigne Masylla En 1885 alors âgé de 30 ans il a
accumulé des connaissances extraordinaires ce qui lui a permis déjà de
devenir professeur pour subvenir à ses besoins et le plus grand
intellectuel du Sénégal car il a apprit tout ce qu'on pouvait enseigner
au Sénégal Vers 1888, il alla séjourner un mois chez les Ida Ou Ali du
Trarza et se fit conférer à nouveau le Wird Tidiane par l'un d'entre
eux, Mohammed Aly, des Ida Ou Ali
L'INFATIGABLE Ce fut,
après, cette longue pérégrination auprès des maîtres les plus réputés à
l'époque, en Mauritanie, dans le Fouta, au Ndiambour et au Cayor. Ainsi,
se rendit-il à Ndothj Sèye, Pathiasse, Nguithie, Ghjiléki, Diabbé
Lidoubé, Oréfondé, Longué Sebbé, Longué Foulbé, Thiarène, Saint-Louis,
Taïba Sèye, Dramane, etc, El Hadj Malick Sy s'installe à Ngambou Thieulé
pour travailler la terre et enseigner, vivre de la sueur de son front
et ne voulant jamais vivre aux dépens des autres et évitant toujours
d'être un parasite social. Le fruit de son labeur lui permit
d'effectuer, en 1889 à 33 ans le pèlerinage à la Mecque en passant par
le sud de la France, à Marseille puis à Alexandrie. Au Sanctuaire Béni
et Sacré, comme dans la mosquée et mausolée de Seydina Mohamed (psl) à
Medinatoul Mounawarah, il demanda au Tout Puissant d'exaucer les vœux
qui suivent : l'épargner, lui, tous les chefs religieux musulmans, leur
famille et leurs fidèles, des tentatives de domination de tout ordre des
colons pour mieux pratiquer les recommandations divines ; l'obtention
de terres où il pouvait travailler et prendre en charge sa famille, ses
fidèles et lui-même, pour ne pas être un fardeau pour les autres. Ses
autres vœux sont de pouvoir, grâce à ses actions et à ses fonds propres,
réussir une prolifération des mosquées à travers le pays. Il a prié
également pour qu'il n'y ait aucune différence visible entre ses enfants
et les autres fidèles et amis. Enfin, pour qu'il lui soit réservé dans
l'autre monde tout ce que Dieu lui destinerait comme Lumière et autre
puissance mystique et religieuse. Il retourne de la Mecque avec le titre
d'El hadji et construit la Zawiya de Ndar en 1892.il séjourna et fonda
des écoles au Djolof puis retourne au Walo. Ses nombreux déplacements,
l'affluence des fidèles, qu'il réunissait pour leur dispenser un
enseignement, les prières et Wazifa dans la Zawiya et dans sa concession
ont attiré l'attention des colons, qui ont assimilé ces invocations au
Tout Puissant à des mots de passe et des consignes de guerre. Ils
soupçonnaient, en outre, le guide religieux de détenir des armes C'est
ainsi qu'il a été convoqué maintes fois à Saint Louis de 1893 à 1905,
devant le bureau politique du gouvernement du Sénégal. À chaque fois,
Maodo ne variait pas dans ses réponses : " Dieu nous a ordonné, à vous
et à moi, de l'adorer, de prier. Vous avez refusé et moi j'exécute.
Voilà ce que mes fidèles et moi faisons tous les jours. Ce que vous
appelez cris de guerre ou mots de passe ne sont qu'évocations du Tout
Puissant et prières sur la Meilleure Créature, le Prophète Mohamed
(psl). Concernant les armes, j'en ai une et une seule : mon chapelet
avec lequel je me battrai jusqu'à ce que l'Islam et la Tidianya
atteignent les coins les plus reculés du monde, à votre grand dam » mon
objectif est de faire des sujets sénégalais de véritables musulmans".
Finalement, et suite aux témoignages des plus grands érudits de l'époque
et aux différents rapports des services secrets, l'administration
française était convaincue que : « Seydil Hadj Malick était le marabout
le plus instruit, le plus cultivé, le plus pédagogue de son époque ».
Outre ces mots consignés dans les archives nationales du Sénégal et de
la France, l'un des témoignages les plus éloquents fut celui du grand
Chérif Cheikh Sidya, descendant du Prophète Mohamed (PSL) et grand
maître de la confrérie Khadrya. Après le défi de l'implantation de la
Zawiya de Saint-Louis (près du palais du gouverneur du Sénégal), El hadj
Malick s'installe à Ndiarndé, Diacksao avant de s'installer
définitivement à Tivaouane sous l'invitation de Djibril Gueye en 1902,
il y fonda la zawiya de Tivaouane après celle de Dakar. El Hadji Malick
Sy s'est installé à l'heure où le colon cherchait à imposer sa volonté.
Sous le nombre impressionnant d'élèves qui augmente de plus en plus, il
recruta beaucoup de professeurs .On y enseigne toutes les sciences
islamiques ce qui a conduit aussi à d'autres marabouts de venir puiser
dans l'océan de savoir qu'incarne Hadji Malick La Zawiya d'El Hadj
Malick de Tivaouane est composé de plusieurs carrés : l'un affecté au
Cheikh et à ses femmes et enfants en bas âge ; l'autre à ses enfants
déjà grands; le troisième aux professeurs et talibés ; le quatrième
enfin aux pèlerins et passagers etc. Il y organise la première
commémoration de l'anniversaire de la naissance du Prophète de la
miséricorde, le sceau Seydina Mohamed (psl), sous sa forme actuelle.
Enseignement décentralisé Mais le domaine où Malick Fawade (pour les
Walo Walo) ou Malick Ndiogou (pour les Djolof Djolof) a réalisé des
merveilles, c'est celui de l'éducation et de la formation. Son confident
et intendant le défunt Imam Raatib de Bambey, El Hadj Alioune Tall, a
révélé que, de l'apparition du soleil à son coucher, Seydil Hadj Malick
dispensait un enseignement à plus d'une centaine d'élèves et dans
différentes matières, tandis qu'il consacrait la nuit à écrire. Il n'a
jamais prié seul (prières canoniques) et a toujours pratiqué la Wazifa
en commun avec les fidèles, jusqu'à son rappel au Très Haut ». Là, il
est à signaler que plus d'une cinquantaine des 180 élèves, qui
fréquentaient l'école de Maodo, le faisait concomitamment avec des
études à l'école occidentale. Ce qui prouve son ouverture d'esprit et
l'importance qu'il accordait à la formation des âmes -tout en les
purifiant- des enfants qui lui étaient confiés. Au plan social, Maodo
avait lié une fraternité agissante avec la plupart de ses contemporains,
avec lesquels une convivialité et une estime réciproque étaient
vivifiées et convenablement entretenues. Il disait aux membres de sa
famille et à son entourage immédiat que : « Toute personne qui ne dirait
outre que du bien ,dans mes relations avec mon parent et frère Ahmadou
Bamba ,s'exclurait tacitement des miens ». Cette attitude irréprochable
lui a valu beaucoup d'éloges, sous forme de poèmes de la part de grands
hommes de Dieu comme Cheikh Saadbou Aby, Thierno Ameth Ndiaye Babahé,
Thierno Souleymane Ball, Thierno Makhtar Kébé, El Hadj Cheikh Thiam de
Fatick, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké Khadimou Rassoul, etc.
L'INTELLECTUEL Lettré fort remarquablement, particulièrement versé dans
les sciences juridiques et littéraires, Al Hadji Malick paraît être le
marabout le plus instruit du Sénégal. Le fait avait déjà été constaté en
1908 par M. Destaing, lors d'une visite que l'éminent directeur de la
Médrsa de Saint-Louis fit dans les principales écoles coraniques du
sénégal. Depuis cette époque le Cheikh, qui professe et travaille
toujours, a continué de justifier sa haute réputation. Dans le domaine
littéraire, Maodo Malick a légué à la postérité une richesse immense.
Ses nombreux ouvrages et poèmes étaient essentiellement accès sur la
théologie, le soufisme la biographie et louange du prophète et sur des
événements heureux ou malheureux touchant ses amis ou d'autres marabouts
.Parmi les plus célèbres de ses écrits on peut citer : Khilazu-zahab,
un long recueil de 1001 vers, retraçant la vie du Prophète (psl) :
depuis que Dieu a eu l'intention de le créer à partir de Sa propre
Lumière, jusqu'au dernier homme qui a quitté la tombe après
l'enterrement Cet ouvrage fût imprimé en Tunisie en 1915 sous le désir
du Gouvernement Général de la colonie. Hadji Malick commanda d'ailleurs
1000 copies Il y a aussi « Kifayatou Rakhiline », un livre de Droit
civil, social et pénal, « Wassilatoul Mouna ou Tayssir », « Fatihatou
Toulaab », « If AAmi Mounkiri Jaami », etc. Le saint a aussi écrit sur
la médecine, l'astrologie, etc. Ces ouvrages sont de longueur inégale,
allant de quatre à vingt-cinq pages. Ils sont remarquables par la pureté
de la langue arabe, par une certaine élégance de style, rare chez les
lettrés noirs, et aussi, par leur tendance toujours très sympathique à
notre cause. Pouvait-il en être autrement pour un homme qui éleva au
rang de sacerdoce son attachement indéfectible au prophète Mohamed
(PSL). Ce pacte qu'il signa avec l'Envoyé de Dieu fut consigné dans un
ouvrage à jamais sublime."II n'existe aucune action que je puisse faire
pour toi si ce n'est t'aimer, te célébrer et te suivre", s'était il
exclamé dans "Mimiyah". Ce sont surtout des commentaires et paraphrases,
mille fois rebattus, d'ouvrages classiques arabes. Les lieux communs de
la littérature profane ou religieuse de l'Islam y fleurissent
abondamment El Hadj Malick Sy était un homme de son temps, d'une
extraordinaire acuité intellectuelle et fabuleusement lettré. À cet
égard et pour s'informer sur les activités du colon, il était abonné au
journal officiel qu'il se faisait lire à chaque parution. Moraliste
émérite et éveilleur de conscience, Maodo aura été non seulement un
témoin de son temps, mais aussi un visionnaire. Son combat a été de
former des soldats de la foi et de les disperser pour qu'ils diffusent
le savoir, élargissent les bases de la religion et de la tarikha.
LE GENERAL DE GUERRE En 1911, le dernier rapport que les colons ont
réalisé stipulait : « El Hadj Malick Sy est toujours conforme aux
enseignements du Saint Coran, de la Suna et de la Tidianya. Il prêche un
Islam dépourvu de fanatisme et de légende. Il pratique et prêche
l'orthodoxie de l'Islam, sans ostentation ou intolérance ». Il aura fait
un parcours sans faute. Pourtant, ce chevalier de l'Islam a réussi la
prouesse de propager ses idées, par le truchement d'une stratégie de
coexistence pacifique. Armé de patience, de fermeté, de persévérance et
d'abnégation, Maodo Malick Sy a fini par imposer au niveau national sa
vision de l'Islam, en éviter les contacts dissolvants qui n'ont, la
plupart du temps, abouti qu'à une destructuration de la société. Ce qui
est d'ailleurs arrivé à presque tous les résistants qui ont adopté la
méthode de la confrontation. Mais, la stratégie de la résistance
pacifique ne l'empêchait pas de s'en prendre violemment aux colons
hérétiques. Le Saint homme de Tivaouane opta constamment pour l'éveil
des consciences. De ce point de vue, le champ de Diacksao était un cadre
très propice, pour délivrer un enseignement à la fois religieux, moral
et même politique. L'exemple type est celui de ses Zawiyas, implantées
en plein cœur du dispositif colonial, c'est-à-dire principalement à
Dakar et à Saint-Louis. Parce qu'il avait choisi d'installer ses lieux
de cultes, en plein centre des deux capitales qu'a connues le Sénégal,
sa stratégie de quadrillage du territoire et de grand rassemblement du
Gamou n'a pas manqué de susciter des inquiétudes chez le colon. Mener,
en période coloniale, un combat de cette dimension et le gagner ne
pouvait être que le fait d'un homme exceptionnel, à tous points de vue,
et dont l'exemple de détachement et d'effacement ajoute à la grandeur
Maodo a fait un long chemin,il a surmonté maints obstacles, et abattu un
travail de titan dont la résultante est aujourd'hui une parfaite
propagation de l'Islam, de la Tidianya à travers non seulement le
Sénégal, mais aussi l'Afrique, l'Europe, les Amériques, etc. Grand et
vigoureux, de poil déjà blanc, El Hadji Malick souffre d'une cataracte
double qui l'a rendu presque aveugle ; malgré son désir d'en finir, il
recule indéfiniment la date de l'opération chirurgiccal qu'on lui a
maintes fois proposée. Chacun sait que la plupart des prières de Maodo
pendant son pélérinage,ont été exaucées, si l'on en juge par les vastes
champs qu'il exploitait à Ndiarndé, Diaksao, Diamaguène, etc, les
mosquées qu'il a fait construire partout, ou que ses fils ont fait
construire, dont celle de Paris. C'est l'un de ses disciples, El Hadj
Abdoul Hamid Kane de Kaolack, qu'il a envoyé en définir l'orientation
vers l'Est, en 1922. Sa mission accomplie, il fut rappelé à Dieu le 27
juin 1922 à Tivaouane...Il repose dans sa zawiya dans la ville sainte tirée https://www.facebook.com/groups/ndiabotoumaodomalick/permalink/467987246618610/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire